the memories ease the pain inside
✤La nuit avait été courte. Le samedi soir était toujours la soirée la plus difficile mais aussi la plus rentable. Je me faisais quasiment le triple des autres nuits et c'était bien évidemment pour cela que je n'étais pas encore parti d'ici pour travailler en journée et gagner une misère en m'exténuant à la tâche. Danser et se dévêtir étaient bien plus amusant. N'étant pas pudique, vendre mon corps pour faire ma vie ne me culpabilisait pas. Je n'en avais même pas honte. Être stripteaseur ne me gênait pas et je pouvais très bien avouer mon métier à n'importe qui car, le plus souvent, c'était mon interlocuteur qui se retrouvait dans la mauvaise situation. Cela m'amusait. Leur réaction était tout bonnement à mourir de rire et je devais bien avouer que j'en jouais légèrement avec le premier péquenot que je croisais. Oui, je n'avais pas ma langue dans ma poche et je refusais d'être le plus faible alors j'avais pris confiance en moi et j'avais réussi à redresser mon estime de soi. J'étais maintenant un homme. Certes un loup-garou mais j'avais ma vie entre mes mains et personne ne pourrait venir l'entraver pour me réduire au simple lycéen que j'avais été après toutes ces épreuves. Je m'étais endurci, j'avais réussi à sortir vivant de cet enfer pour mieux revenir parmi les vivants. Et aujourd'hui, j'étais cet être mi-homme mi-loup ayant une grande assurance et sachant pertinemment ce qu'il voulait où, quand et comment.

J'étais allonge dans l'herbe du parc, profitant des rayons du soleil au travers des feuilles de cet arbre qui me protégeait des coups de soleil. Pieds nus, en short et tee-shirt, je me reposais les jambes croisées et les bras derrière la nuque. Je respirais profondément et, les yeux fermés, je faisais le point sur tout ce que je pouvais entendre et sentir autour de moi. Lunette de soleil sur le nez, les passants devaient penser que je dormais. Ce n'était pas le cas même si mon rythme cardiaque était au plus bas. J'étais simplement concentré sur mon environnement, un environnement qui me paraissait soudainement beaucoup plus familier qu'à l'accoutumé. Je me redressais subitement, humant cet odeur que je décelais sans réellement savoir d'où elle venait. D'un œil rapide, je jetais mon regard sur chaque personne m'entourant. Je me relevais et commençais à marcher en étant toujours obnubilé par cette odeur familière que je n'arrivais pourtant pas à reconnaître. Continuant mon chemin à travers le parc, je le vis alors. Nadan. Nadan Cavanaugh. Cet incroyable salop. Pris d'une colère incontrôlable, je courrais dans sa direction. « CAVANAUGH ! » Hurlais-je en fonçant toujours sur lui. Je finis par le plaquer au sol sous le regard interrogateur des autres marcheurs. « Qu'est-ce que tu fais là ?! Pourquoi t'es ici ?! » Je le frappais une fois, déversant toute la colère que j'avais emmagasiné depuis son départ dans mes coups. Tous ces souvenirs que je croyais enfouis revenaient à la surface. La seule vision de son visage me rappelait celui que j'étais pratiquement dix ans plus tôt et c'était bien trop dur à gérer. Alors je le frappais. Je le frappais sans pouvoir m'arrêter.