BANSHEE, un être en douleur, qui manifeste sa souffrance par de véritables cris inhumains. Ces hurlements seraient d’ailleurs d’une telle intensité, qu’ils blanchiraient les cheveux de celui qui les entend. Annonciateur de mort.


On dit souvent qu’on devient une banshee après un évènement traumatisant. Certaines sont laissées pour mortes, d’autres se retrouvent battues, bafouées mais il faut qu’on retienne nos cris. Les miens. Je les ai retenus pendant trop d’années. Venue au monde dans une famille brisée par une mère qui ne se souciait pas des enfants et d’un père, pédophile. Je n’eus d’autres choix que de le supporter pendant des années. Ma mère sombra peu à peu dans une addiction : l’alcool pour oublier. Oublier que son mari est un monstre. J’ai commencé à subir à l’âge de sept ans. Pourquoi pas avant ? Il y avait ma grande-sœur. Est-elle devenue une banshee ? Non, je ne crois pas. Des fois, on devient ce qu’on devient et on ne l’explique pas. Un jour, j’ai juste pensé que je devais arrêter de me taire. Et j’ai crié. Tout a commencé par des fois où je me retrouvai dans des endroits où je ne devais pas être, je perdais la notion du temps et il y avait toujours des corps, des cadavres. La première fois, je suis tombée dans les pommes et quelqu’un est venu me chercher. On m’a emmené à l’hôpital. J’ai vu des choses. J’avais des mauvais pressentiments, la chair de poule. Au final, les services sociaux ont entendu parler des mauvais traitements que je me faisais subir mes parents. On m’a emmené dans une autre famille. J’avais treize ans. On m’a balloté de famille en famille et je suis tombée chez des gens sympas. Il avait un chien, un chat. Le chien fut effrayé par moi et me sauta à la gorge. J’en garde un souvenir cuisant : une cicatrice. Mes rapports avec les autres n’étaient pas cordiaux et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à chercher qui j’étais. Ce que j’étais. Je ne croyais pas au surnaturel mais c’est quelqu’un qui m’a tenu au courant. Un druide. Là, il m’a éclairé. J’étais une banshee.



« Dans le folklore plus tardif, notamment la tradition orale du XXe siècle, la banshee annonce la mort par un cri ou hurlement terrifiant. Cette tradition moderne semble particulièrement présente dans les régions influencées par des cultures non gaéliques, telles que l'Est de l'Irlande, le sud de l'Écosse, le pays de Galle. Le cri de la banshee se distingue clairement d'un cri humain ou animal, et il se fait toujours entendre durant la nuit. Il est entendu le soir par les personnes encore éveillées, ou bien il réveille les personnes durant leur sommeil. Ce cri annonce la mort d'une personne dans la maison ou la famille, ou bien c'est le présage de la mort imminente d'une personne. Cette banshee crieuse, souvent assimilée à un esprit ou fantôme, est similaire à d'autres figures de revenants du folklore médiéval d'Europe, qui par leurs cris annoncent un décès. Il arrive parfois que des banshees se réunissent pour hurler à l'unisson, annonçant l'arrivée d'une grande catastrophe ou le décès d'une personne importante.» Je refermai le livre, pas plus avancée. Le lycée. Je regardai les gens aux alentours qui lisaient dans la bibliothèque. En peu de temps, mon druide m’a appris qu’il y en avait d’autres des comme moi, et des différends. Loups garous, succubes/incubes. Moi qui ne croyais pas en ce genre de choses. Lorsque j’eus affaire pour la première fois à l’un d’entre eux, je suis restée tétanisée. Ce n’est pas toujours facile de comprendre ce qui nous entoure. Et je l’ai rencontré. Lui. Il était beau, il était jeune. C’était un loup-garou mais ce n’est pas grave. Nous sommes tombés amoureux l’un de l’autre mais pour combien de temps ? Il y avait des chasseurs, il avait sa meute et j’étais une banshee. Alors après le lycée, il fut normal qu’on se sépare chacun pour aller à l’université. Mais je ne pouvais pas m’y résoudre. Je l’ai attendu, attendu. On a finalement décidé d’y aller ensembles mais il n’est jamais venu. Attrapé, torturé, exécuté. Depuis ce jour, je fuis, je me cache car bien que notre existence ne soit pas répandue comme celle des loups, ou des succubes. Le folklore n’a que quelques lignes. J’ai perdu. J’ai tout perdu. Moi qui primais l’honnêteté, car mentir… pouvait sauver ma vie.


Viol, meurtre, douleur. Je pensais en avoir vécu assez. Je suis partie à l’université, j’ai fait des études dans le but de devenir professeur avant d’être affectée dans une nouvelle ville. Storms Hills. Je me suis pris un petit appartement avec mes trois chats avant de me décider à commencer les cours au lycée. Au début, j’avais peur, j’étais effrayée et puis, j’ai appris à gérer mes affaires. Un jour, alors que je marchai dans les couloirs, je fus accostée par un homme. Totalement mon genre mais il disait que je ressemblais à quelqu’un. Qui ? Je n’ai pas compris. Je pense qu’il devait avoir un ami dans l’école et à chaque fois, il me regardait d’une manière que je n’appréciais pas. Alors, je lui ai demandé d’aller prendre un café. On a parlé. Un peu. Je l’appréciais. Pouvais-je réellement oublier mon premier amour ? Je n’en sais rien. Je sais juste que je dois mentir. Que je ne dois pas faire confiance. Et puis, il a sa femme. Même si elle est décédée. Il avait toujours sa femme. Oh Caelan. Que dois-je faire ? Je ne sais plus, je suis perdue. Et puis d’un coup, alors que tout allait bien, que j’avais sans doute un homme, un travail, des amis… Je me suis mise à hurler.