Les crayons de couleur caressait le papier blanc. Allongée sur le parquet chauffé par les rayons du soleil traversant la fenêtre principale du salon, je laissais mon imagination vagabondé dessinant quelques traits. La feuille se remplissait de couleur et j'étais heureuse. J'aimais cet instant où j'avais la sensation de me retrouver dans une bulle que personne ne pouvait percer. Ma petite tête suivait chaque coup de crayon, je reculais quelques instants observant mon chef-d’œuvre. J'étais satisfaite de ce dessin. « Que dessines-tu ma chérie ? » La voix fluette de ma mère me parvenait de la cuisine, elle préparait surement le diner. Je levais la tête l'apercevant pencher sur le plan de travail de la pièce où elle se trouvait. J'affichais à la suite une expression perplexe sur le visage, peu certaine de ma réponse. Son regard ne me quittait pas alors, je me résignais à lui répondre. « Un animal...peut-être un loup » soufflais-je reposant mes prunelles sur ma feuille. Plus tard, des pas me parvenaient, je posais mon regard sur la personne qui venait de faire son entrée. Mon père suivi de mon grand-père. Je me redressais de mon perchoir où j'étais installé quelques minutes plutôt dans le séjour. Prenant mon dessin dont j'étais particulièrement fière, je le tentais doucement à mon père. Son regard d'un bleu glacé me transperça, je baissais la tête aussi rapidement dirigeant mon intérêt vers ma mère qui avait un sourire sur le visage qui se voulait rassurant. Après le diner, j'apercevais mon dessin dans la poubelle de cette pièce  son bureau où mon père recevait ces drôles de personnes qui m'inspiraient la peur et une certaine appréhension. Pour une enfant de huit-ans, c'était assez difficile à exprimer. Les yeux larmoyants, je montais les escaliers quatre à quatre toucher par la tristesse. Alors que mon père venait de prendre place sur mon lit, posait ses lèvres sur mon front, aucun mot sortait de ma bouche, j'en étais incapable encore bouleversé par la tristesse & la colère. Quelques minutes plus tard, mon paternel désertait ma chambre, fermant la porte doucement derrière moi. Je savais que je n'aurais aucune explication sur le chemin de mon dessin à la poubelle, je laissais tombé cette histoire dans les méandre, je fermais les yeux pour rejoindre les songes d'une nuit, ma peluche préférée dans les bras...
Je restais là, les bras croisaient sur ma poitrine tentant de respirer calmement. Ma mère se trouvait assise sur son lit, une valise à ses côtés. Les paroles étaient inutiles, j'avais rapidement saisi la situation. Je ne cessais pas de remettre mes cheveux en place, signe de nervosité et de panique. Je tentais de faire quelques pas vers elle, me posais près d'elle. Mon regard détaillait chaque trait de son visage, son regard était vide, semblable à un décor sans fond. « Alors...Tu pars ? » Question idiote, c'était tellement évident. Le couple qu'elle formait autrefois avec mon père. Le couple Allen n'était plus. Depuis plusieurs années, il appartenait au passé. Il fallait vraiment être aveugle pour ne pas l'apercevoir. Ma mère tournait la tête vers moi, la détresse trahissait son visage. « Pardonne-moi chérie » Sa voix ne couvrait pas les tremblements qui la secouaient. Je posais ma main dans son dos, la caressant machinalement essayant vainement de la consoler. « C'est...ce n'est pas grave maman, je n'ai rien à te pardonner, tu n'y aies pour rien » Et c'était la vérité. Mon père était tellement absorbé par le surnaturel et cette soif de chasse après les loups-garous, qu'il avait fini par négliger la famille qu'il avait fondée. Je voulais lui dire de rester là, de ne pas m'abandonner. Hélas, je ne savais ni quoi faire, ni quoi dire. Ainsi, j'étais aussi perdue que cette femme qui représentait mon univers. Ce sourire que j'aimais tant, cette façon qu'elle avait de toujours trouver les bons mots pour me rassurer, ces heures qu'elle passait en cuisine pour me faire de bons plats délicieux. C'était égoïste à dire, mais qui allait faire tout ça si elle partait ? Je ne pouvais pas perdre ma mère. Les larmes perlaient sur mon visage, des larmes que je laissais tombées dans un lourd silence. Elle quittait la maison et je ne savais pas si mon père connaissait cette décision. Ce jour-là je perdais la seule personne qui ai réellement compté pour moi dans cette famille. Je perdais le repère d'une vie. La mienne.
Cette journée craignait sérieusement. C'était une de ces journées où je désirais m'enfuir loin du lycée. Loin de tout ça. J'avais littéralement raté le contrôle de...De quoi déjà ? Lorsqu'il s'agissait des cours, ma mémoire devenait défaillante. « Sérieusement Nora, tu ne peux pas être amoureuse de Seth Hardman, c'est l'idiot dans l'excellence ! » Je n'écoutais plus mon amie, mon esprit vagabondé dans les souvenirs de cette nuit. Marchant en compagnie de cette fille qui parlait un peu trop à mon goût, je ne disais rien. Je posais alors sur elle un regard qui se voulait plutôt désagréable. « Bien...d'accord, on en reparlera plus tard » J'hochais la tête pour approuver cette sage décision. Plus tard voulait dire demain et dans ce cas, je n'étais pas certaine de faire acte de présence au lycée demain. Je fus oulagé de voir apparaître la maison de mon grand-père maternel, Bonjour, grand-père Il apparut dans la cuisine, une mine joviale gravé sur le visage, des poissons à la main. Qu'est-ce que j'aimais cet homme, tout l'inverse de mon très cher père. Par ailleurs, je venais souvent trouver refuge chez lui lorsque une énième fois de plus j'entrais en conflit avec mon père, la seule figure parentale qui me restait. Alors, que ce vieil homme continuait la discussion, mon regard se perdait au travers de la fenêtre chez les voisins. « Aenora, tout va bien ? » Je secouais la tête quelques secondes, posant mon regard sur lui. « Non » laissais-je soudainement entendre. « ça s'est mal passé cette nuit n'est-ce pas ? » Il s'asseyait dans son fauteuil favoris, m'invitant à faire de même, il était prêt à m'écouter, comme toujours. « Comment...Comment peut-on tuer des gens comme ça ? Croisé leur regard et leur ôter la vie...Certains, ne l'ont pas choisi, ils se sont fait mordre et puis voilà nous nous arrivons, décrétons qu'ils doivent mourir sans rien savoir sur eux, leur vie, leur passé... » Mon grand-père avait une expression sur le visage que je ne savais pas décrire. La famille Allen était chasseur depuis...des lustres et je semblais pourtant, dérogé à la règle. « Tu sais...Normalement, ils ne sont pas tous tués, ton père ne respecte tout simplement pas le code » « Le code ? » répétais-je bêtement. « Je vois ! Le code est quelque chose que chaque chasseur doit respecter en principe. Selon ce code, les loups-garous sont tués s'ils ont commis un crime comme tuer quelqu'un par exemple... » J'y voyais mieux désormais et je détestais mon père pour avoir fait preuve de silence là-dessus. Je le détestais d'avoir autant de mystère, je regrettais également qu'il soit aussi froid, distant, compliqué. Je comprenais également que j'étais embarqué dans un monde dont je commençais seulement à prendre réellement connaissance & je ne semblais pas aux bouts de mes surprises, hélas...