⊹ Who will be there to take my place?

So lately, been wondering, Who will be there to take my place, When I'm gone you'll need love, To light the shadows on your face, If a great wave shall fall and fall upon us all, Then between the sand and stone, Could you make it on your own... If I could, then I would , I'll go wherever you will go.

Nadan se tenait immobile derrière le volant de sa voiture. Cela faisait quelques temps qu'il était à l'arrêt et qu'il n'amorçait aucun geste pour s'en aller ou tout simplement sortir de l'habitacle. Et le pire, c'est qu'il en deviendrait claustrophobe. Néanmoins, il ne bougea pas. Un coude posé sur sa portière, sa main serré soutenant son visage, le loup-garou attendait. Attendait quoi? Tout simplement que la voie ne soit libre. Ca y est, il avait trouvé le courage de renouer contact avec sa famille. Cela avait commencé avec Killian, sur qui il était immanquablement tombé au lycée et avec qui les retrouvailles avaient été houleuses. Mais maintenant, il devait prendre le devant pour renouer avec une autre partie de sa fratrie : sa plus jeune soeur, Ondine. Beaucoup de choses s'étaient passées à la suite de sa fugue lorsqu'il avait 17 ans. Beaucoup de choses. S'il avait su que son départ aurait déclenché cette série d'évènements, Nadan aurait peut être revu son jugement. Il aurait essayé de convaincre sa mère, avec l'aide de son oncle qui avait lui-même transformé Everleigh... Mais lui-même semblait s'en ficher de la gamine. L'ainé des Cavanaugh soupira avant de se frotter le visage, pas sûr de vouloir replonger dans ses souvenirs douloureux.

Au loin, il aperçut la porte d'entrée de la résidence Cavanaugh s'ouvrir. L'homme qui occupait récemment ses pensées en passa le pas, avant de s'engouffrer dans son véhicule et de partir à l'opposé de Nadan. Celui-ci expira longuement, essayant de retrouver son courage. Où était-il même parti? Ne pouvant plus rester enfermé et ne souhaitant pas s'éterniser avec ses questionnements, le professeur descendit de sa voiture et la verrouilla, avant de partir en direction de l'entrée. En parcourant l'allée dans le jardin, Nadan remarqua que presque rien n'avait changé en apparence. Tout était joliment fleuri, comme si sa mère était encore là pour s'en occuper avec soin comme elle aimait tellement faire. D'extérieur, cette grande bâtisse qui avait été un jour sa maison d'enfance, n'avait perdue aucun de son charme. C'était comme si rien n'était arrivé. Est-ce que quelqu'un faisait en sorte de la maison reste belle et accueillante ? Sa soeur peut être ? Ce n'était certainement pas son oncle, qui accordait bien peu d'importance à la famille et à ses biens. Du moins, à l'époque.

Arrivé sous le porche de la maison, Nadan se frotta les mains sur son jean dans un réflexe typiquement humain. Son coeur battait un peu plus vite qu'à l'accoutumé. La dernière fois qu'il avait vu sa petite-soeur, celle-ci était encore minuscule avec ses jolis cheveux auburns et ses tâches de rousseur sur le nez et les joues. Effaçant ce souvenir, et se concentrant sur le présent, il leva sa main et s'apprêta à toquer lorsque la porte s'ouvrit subitement, sans qu'il n'ai le temps de prévenir de son arrivée...

Les cris et les bavardages des élèves allant à l'école, au collège, et au lycée l'avaient réveillée, tôt ce matin-là, lui rappelant qu'elle aussi devait étudier si elle voulait avoir une chance de trouver un travail plus tard, en plus de ceux qu'elle enchaînait pour gagner un peu d'argent. Ondine s'était donc résolue à se lever et s'était habillée en hâte avant de se connecter sur son ordinateur où l'université lui envoyait régulièrement -presque tout les jours- ce qu'il fallait apprendre, ainsi que les livres qu'elle devait lire, et les dates des examens auxquels elle devait se rendre. Elle apprit machinalement les pages qui défilèrent sous ses yeux jusqu'à ce qu'elle ait faim et se lève afin de faire se faire un sandwich. Elle soupira en pensant aux tâches qui l'attendaient, comme faire le ménage, ou même prévoir quelque chose à manger ce soir. Elle mourrait d'envie de se planter devant son oncle et de lui ordonner d'engager au moins une femme de ménage pour l'aider, mais rien que l'idée de lui adresser la parole ne lui faisait pas envie. Elle répondait quand on lui posait des questions mais c'était tout. La plupart du temps, elle ne sortait de sa chambre que lorsque la maison était vide, ce qui était le cas presque tous les jours.
Elle ignorait si elle était seule ou non, la maison était silencieuse. Sans doute Killian était-il là, et peut-être même malheureusement son oncle. Elle résolut d'attendre qu'un grincement ou autre l'avertisse d'une présence, ne désirant pas vraiment utiliser son ouïe développée.
Ondine s'assit sur le rebord de la fenêtre, qui donnait sur le jardin, et nota mentalement qu'il faudrait tondre la pelouse -chose qu'elle ne ferait pas-. Sa chambre était couverte de livres du mur au plafond, et ressemblait assez à une bibliothèque dans laquelle on aurait planté un lit et une armoire, ainsi que quelques photos scotchés contre les murs. Des photos où tous étaient heureux, à l'époque lointaine où tous les Cavanaugh étaient ensemble.
Ces souvenirs ne la faisait plus souffrir, elle était réaliste, le passé était le passé et on ne revient jamais en arrière, le monde continue, et Ondine continuait aussi, elle allait de l'avant. Elle se saisit de son Ipod et enfonça ses écouteurs dans ses oreilles, choisissant une musique violente afin de ne plus penser au passé. Elle sentit la porte de la maison claquer, baissant la musique elle entendit le moteur d'une voiture, qui s'éloigna. Killian.
Ondine se leva de son lit, ouvrit la porte de sa chambre. Elle était belle et bien seule cette fois-ci. Elle longea les murs, passa devant les portes des chambres fermées, qui désormais, étaient vides, et le resteraient longtemps, avant de descendre l'escalier. C'est alors qu'elle ressentit une présence, instinctivement. Quelqu'un était dans le jardin, derrière. Son cœur se mit à battre plus fort, personne n'oserait s'introduire comme ça chez les Cavanaugh, surtout ceux qui savaient qui ils étaient et leur vrai nature... et puis, ce n'était pas un secret qu'Ondine étudiait à domicile, du moins, elle ne croyait pas. Doucement elle s'avança vers la porte d'entrée en se répétant que de toute façon elle savait se battre, et plutôt bien, même si elle n'était qu'une Bêta.
Elle le sentait, derrière la porte, et sa peur diminua. Étrangement, elle se sentit rassurée, comme si elle n'était pas en danger. Alors brusquement elle ouvrit la porte.
Nadan. Son cœur explosa dans sa poitrine tandis qu'elle se pétrifiait, face à ce frère disparu depuis des années. Sept années en fait. Elle ferma les yeux espérant que lorsqu'elle les rouvrirait, il serait parti. Mais ce n'était pas un rêve. Il était là. En face d'elle.

« Salut Nadan. » fit-elle simplement après s'être ressaisie, en le fixant droit dans les yeux. Il n'avait pas beaucoup changé, enfin si, il avait un peu grandi, et s'était épaissi, bien sûr, mais Ondine se sentait anxieuse. Lorsque Nadan était partie, elle n'était qu'une gamine qui ne lui arrivait qu'à la poitrine -et encore- alors que désormais, sept ans après, elle pouvait presque le regarder droit dans les yeux, ce qu'elle continuait de faire. Et puis, même si c'était son frère, il était devenu comme un étranger, il avait certainement changé.
Une foule de questions se bousculaient dans sa tête, pourquoi était-il revenu ? Mais surtout, allait-il rester ? Allait-il repartir après tant d'années ? Allaient-ils les abandonner encore une fois ? « Est-ce...est-ce que tu veux entrer ? » demanda Ondine en s'écartant de la porte d'entrée. Elle connaissait la réponse, et de toute façon, la jeune femme n'était pas prête à le laisser repartir, pas tant qu'il ne se serait pas excusé pour tout le mal qu'il avait causé même malgré lui, pas tant qu'il n'aurait pas répondu à toutes les questions qu'elle avait à lui poser, et surtout, il allait devoir supporter tout ce qu'Ondine avait à lui reprocher. Parce qu'il était parti, sept ans, sans donner aucune nouvelle. Même si au fond, elle avait toujours su qu'il était vivant, et qu'un jour, il reviendrait.

⊹ Who will be there to take my place?

So lately, been wondering, Who will be there to take my place, When I'm gone you'll need love, To light the shadows on your face, If a great wave shall fall and fall upon us all, Then between the sand and stone, Could you make it on your own... If I could, then I would , I'll go wherever you will go.

La main suspendue en l'air, Nadan n'esquissa aucun mouvement lorsque ses yeux se posèrent sur la silouhette fine et élancée de sa jeune soeur. Il s'était attendu à ce qu'elle grandisse bien sur, à qu'elle soit infiniment différente de son souvenir de cette petite fille  souvent silencieuse mais à la bouille adorable. Mais au final, même si elle était devenue une femme, elle était toujours... elle. Étrangement. Les même yeux de biche dont on ne pouvait résister étant petite. Les même tâches de rousseurs sur ses joues. Ses longs cheveux auburn et ondulés...

« Salut Nadan. » dit-elle tout simplement, alors qu'il n'arrivait pas à détacher ses yeux des siens. Son bras se baissa de lui-même alors qu'il gardait le silence. Que devait-il bien dire? Dans son esprit, il s'était dit que tout viendrait naturellement, qu'il n'aurait pas à réfléchir... mais c'était comme marcher sur des oeufs. C'était sensible. Et il regrettait de ne pas avoir trouvé quoi lui dire pour commencer.   « Salut Ondine. » se contenta de répondre l'Alpha, maladroitement. Il ressentit une drôle de chaleur en lui, alors qu'il prononçait le prénom de sa petite-soeur. Avec Everleigh et sa meute, il n'avait pas l'occasion de parler de son passé, de sa famille. Pour sa compagne, c'était même devenu un sujet tabou qu'il ne fallait pas aborder, parce qu'ils étaient la cause de leur fuite. Mais Nadan aurait aimé parler de ses frères et soeurs qui n'étaient pas les responsables de toute cette histoire. Partager ses souvenirs avec Nyméria sur Ondine, ou encore Gage et Killian. S'il avait du toujours endosser la lourde responsabilité de devenir le futur Alpha, causant une étrange distance entre lui et ses parents que ne connaissaient pas son frère et ses soeurs, le professeur avait été très proche de ses derniers. C'était à eux, qu'il pensait quand il avait un coup de blues.  

« Est-ce...est-ce que tu veux entrer ?  »  demanda Ondine, n'ayant pas l'air autant à l'aise que lui. En même temps, qui le serait? « Volontiers. »  Elle s'effaça pour le laisser entrer, ce qu'il fit lentement, n'en revenant même pas de remettre les pieds dans sa maison d'enfance. Il s'avança doucement, observant les murs, les meubles, se remémorant ce qu'il y avait sept ans auparavant... Marchant comme si tout allait s’écrouler, comme s'il ne s'agissait que d'un rêve qui allait se briser, il s'arrêta face à une photo qui ne semblait pas avoir bouger d'un pouce. On pouvait y voir l'ensemble des Cavanaugh, des années auparavant, et Nadan eut l'occasion de se revoir jeune et insouciant avant que tout ne sombre dans le cauchemar pour lui. Pour lui et sa famille. Ses yeux se posèrent sur chaque membre de sa famille, reconstruisant petit à petit ses souvenirs qui étaient devenus flous avec les années. « Tu ressembles beaucoup à maman. » lança alors le loup-garou, reposant son regard sur sa petite-soeur qui se tenait derrière lui. C'était même la seule dans la famille, à tenir autant de la matriarche Cavanaugh. Alors que Gage, lui et Killian partageaient les traits durs et les cheveux noirs de leur père, Ondine elle, avait la douceur et les cheveux de feu de leur mère.

[hs : pardon de mon temps de réponse ma douce ]

Ondine regarda son frère entrer dans sa maison, leur maison devait-elle plutôt dire. Son regard s'attardait sur les murs, les meubles, sans doute notait-il les changements -rares- qui avaient eu lieu. Sept ans. Cela faisait sept ans qu'il n'était pas venu ici. Nadan s'arrêta sur une photo de famille et resta longtemps face à elle. Ondine le comprenait. Elle savait ce qu'il ressentait lorsqu'il voyait l'époque où ils étaient heureux, et tous ensemble, l'époque où ils étaient une famille. Ils pourraient le redevenir, après tout, Nadan était revenu. « Tu ressembles beaucoup à maman. »   lui lança son frère. Ondine baissa les yeux, incapable de soutenir son regard. Elle ignorait s'il savait, pour leur mère, ce que les chasseurs lui avaient fait. Son frère était devenu un étranger, et même pas les mots ne pourraient combler ces sept années qui s'étaient écoulées, perdues. De plus, Ondine n'aimait pas qu'on lui rappelle sa ressemblance à sa mère, on lui avait dit cela trop de fois après la fuite de Nadan, Ondine, qui ressemblait à sa mère, et tout le monde croyait à tort, qu'elle ferait une aussi bonne Alpha qu'elle. Elle aimait sa mère, énormément, mais elle n'aimait pas qu'on lui dise qu'on lui ressemblait, car c'était faux, totalement faux. Sa mère avait été forte et déterminée, elle l'était beaucoup moins, elle était discrète, déterminée uniquement lorsque quelque chose la passionnait. C'était tout. Mais elle ne voulait pas se sacrifier pour les autres, contrairement à sa mère qui avait sacrifié sa famille. Bien sûr, elle les avait aimé, mais elle avait aimé sa meute, et son statut plus encore.

« Nadan... Tu... est-ce que, est-ce que tu sais ce qu'il s'est passé? » chuchota t-elle en levant les yeux. Le cœur d'Ondine se mit à battre plus fort, elle serra les poings, priant pour qu'il lui dise que oui, il savait, que oui, il ne s'était pas totalement mis l'écart de sa famille au point de ne rien savoir, elle ne voulait pas lui dire ce qu'il s'était passé. Et si il ne savait pas ça, il ne savait pas que ses parents étaient séparés, comme leur famille. « Est-ce que tu sais... pourquoi maman n'est pas là ? Pourquoi son odeur n'est plus perceptible dans la maison ? » Il comprendrait, si il ne le savait pas déjà, que cela voulait dire qu'elle était partie depuis longtemps. Elle n'était pas morte, pas encore, mais elle n'était pas vivante non plus. Ondine se rapprocha de son frère. Il était là, il la protégerait, ils les protégeraient tous, elle, son frère, Gage. Et il écarterait Demis. Car il devait sûrement être un Alpha désormais. Elle sentait sa force, son autorité, et elle était prête à s'y plier, parce qu'il était son frère, et que c'était dans l'ordre des choses. Demis n'était pas son Alpha, il ne l'avait jamais été dans un sens. Elle avait toujours donné sa loyauté à ceux qu'elle aimait, en lesquels elle croyait.
De plus, il était de retour, il devait y avoir une raison. Et il devrait se racheter. Ondine lui en avait voulu très longtemps, avant de comprendre, que, comme elle, il n'avait pas eu le choix, même si il était né pour être Alpha. Nadan avait choisi de s'enfuir pour pouvoir vivre sa vie, une chose qu'Ondine aurait voulu faire aussi, s'écarter de sa mère, de son oncle, mais elle n'en avait pas été capable, elle avait cru qu'elle s'en tirerait, que son père l'aiderait. Mais seul l'accident avait empêché sa mère de continuer, et elle avait payé le prix fort en même temps.