smooth criminal
✤Je ne savais pas qu'elle pouvait être l'avantage d'être un loup-garou, ni d'avoir ce gêne héréditaire d'une famille que je ne connaissais même pas. Mes parents, mes véritables parents, ceux qui m'avaient élevé, éduqué et aidé étaient morts. Les deux autres n'étaient que mes géniteurs dont j'avais hérité cette maladie incurable. La lycanthropie. Mes sens s'étaient développés. Ma vue, mon ouïe, mon odorat, mon toucher. Tout était différent depuis que j'étais devenu l'un d'entre eux. Je n'acceptais pas cette différence. Je reniais mes origines pour n'être qu'un simple humain que je rêvais de redevenir. Le surnaturel n'était pas nouveau pour moi, en tout cas il ne l'était plus depuis mes 17/18 ans. Cependant, j'ignorais encore tout de ce monde. Ce que j'avais appris, je l'avais lu dans des bouquins. Le reste n'était que suppositions et délires que je me faisais. Les loups-garous existaient. Les chasseurs aussi. Mais existait-il d'autres races, d'autres êtres surnaturels peuplant notre terre ? C'était la question que je me posais depuis maintenant 7 ans sans jamais en avoir eu la réponse. Du moins, jusqu'à ce fameux soir...

« Solveig, t'es encore en retard. » M'informa le propriétaire du club. Je le regardais, passant devant lui, avant de rejoindre les loges pour me préparer. « Tu pourrais au moins avoir la décence de t'excuser. » Je me stoppais en chemin et me retournais dans sa direction. « Les excuses ne serviraient à rien. Ca fait des mois que tu me répètes sans cesse la même chose et ça fait également des mois que je suis ton meilleur atout pour ce club. » Elle ne répondit rien. Je repris ma route. Une fois dans la loge, je me préparais. J'avais deux numéros ce soir l'un en uniforme, l'autre avec la peau entièrement recouverte d'or. Cette nuit, je jouerais un bon petit soldat avec la clientèle ainsi qu'au GoldenBoy. Sur la musique du club, je me dénuderais devant ces hommes et ces femmes qui me fixeraient. Je les envouterais, leur sommant de venir glisser quelques billets sous l'élastique de mon sous-vêtement.

« Solveig, c'est à toi. » Mon deuxième service commençait. Ainsi recouvert d'or, j'arpentais le piédestal qui m'avait été attribué pour ce numéro avec sa barre en son centre. Pour le moment habillé légèrement d'un bleu de travail et d'un casque d'ouvrier, ne trahissant aucunement ce qui pouvait bien les faire attendre, je me mis bouger au rythme de la chanson qui passait, prenant des poses explicites et exagérant tous les mouvements de bassin. Sourire aux lèvres, je laissais tomber peu à peu le casque puis le bleu et me retrouvais à nouveau en string sous le feu des projecteurs. Danse sensuelle et lancinante, je jouais avec mes observateurs, leur offrant des vues sur mes fesses et mon entrejambe afin que l'argent coule à flot. Mais à l'instant même où une cliente me pelota le derrière après m'avoir donné deux jolies billets de 10 dollars, je l'aperçus. Perdu dans ses pensées et me fixant comme tous clients que je pouvais croiser ici, il remarqua rapidement ma présence et l'attention que je lui portais. Il se leva brusquement. Je descendis de mon piédestal, parcourant la foule pour lui courir après alors que mon show n'était pas encore terminé. « Eh, attends ! »

Je me faufilais parmi les clients, oubliant complètement mon travail et ma tenue. Je fis alors un signe de la main au videur pour qu'il le stoppe. Il s'exécuta et je me retrouvais alors en face à face avec cette créature étrange et inconnu que j'avais vu l'autre nuit en train de tuer un innocent. Je ne savais pas ce qu'elle lui faisait, je ne savais même pas qui elle était. Ce que je savais, c'était qu'elle avait forme humaine comme nous, les loups-garous. « Maintenant, tu ne pourras pas t'échapper. On doit parler... En privé. Suis-moi. » Il n'avait pas le choix. De toute manière, le videur ne le laisserait pas sortir sans mon autorisation. Ainsi, soit il me suivait, soit il se retrouverait avec quelques hématomes sur le corps ou pire encore. Je me frayais donc un nouveau chemin parmi les clients, en contournant certain pour me diriger vers les salles privés. Là, où je recevais les clients privilégiés. Je le laissais entrer et refermer directement la porte derrière lui. Il ne pourrait s'échapper une deuxième fois. Je posais mes yeux sur lui, avec tout le dégout que je pouvais ressentir à son égard suite à la tentative d'assassinat qu'il avait commis quelques nuits plus tôt. « Qu'es-tu donc ? » Lui demandais-je de manière assez brutale. « Et comment fais-tu 'ton truc' ? » Il n'était pas un loup-garou. Qu'était-il donc ? Un vampire ? « Réponds-moi ! » Terminais-je en hurlant sur un air menaçant.