⊹ Never Let Me Go.

Looking up from underneath, Fractured moonlight light on the sea, Reflections still look the same to me, As before I went under. And it's peaceful in the deep, Cause either way you cannot breathe, No need to pray, no need to say, Now I am under. Never let me go, never let me go.

Plus les jours passaient, plus Nadan se rendait compte que Storms Hills avait bien changé depuis qu'il était parti. Devenu enseignant au seul lycée de la ville, il s'était attendu à avoir un quotidien plutôt banal et sans surprise, mais c'était sans compter sur l'aimant à problèmes qu'il était. Après, ce n'était pas que des soucis mais... Avec sa chance, il se retrouvait enseignant dans un lycée rempli de loups-garous. De très jeunes pour la plupart. C'était comme si le quota avait explosé. c Ils étaient si peu à l'époque, et toute une famille. Maintenant? Des orphelins, des cas isolés, beaucoup d'omégas... Trop d'Omégas. Les loups ne sont pas fait pour être seuls, mais pour être en meute. Ils avaient plus de chance de survivre ainsi. Et avec les chasseurs qui pullulaient tout autant, il était dangereux d'être solitaire de nos jours...

Et à présent, Nadan se retrouvait dans une situation qu'il n'avait pas imaginé vivre. Ses bras entourant la taille d'un de ses élèves, il s'appliquait à le tirer en arrière pour qu'il n'attaque pas un camarade. Ce dernier, étonné par la soudaine perte de calme du jeune homme, avait reculé par peur. Il avait ressenti la menace jusqu'au fond de ses os. Et il avait bien eu raison. « Ismaël, calme-toi ! » lui intima le professeur en l'emmenant en direction des vestiaires pour ne pas offrir de spectacle plus longtemps. Ils s'y glissèrent, plus ou moins difficilement, alors que le garçon semblait perdre encore plus le contrôle sur lui même. « Garde le contrôle, Ismaël ! » cria presque le ténébreux en plaquant le jeune homme contre un pan de mur.

⊹ Never Let Me Go.

Looking up from underneath, Fractured moonlight light on the sea, Reflections still look the same to me, As before I went under. And it's peaceful in the deep, Cause either way you cannot breathe, No need to pray, no need to say, Now I am under. Never let me go, never let me go.

Il est vrai en temps normal que je parvenais plus ou moins à me contrôler depuis qu'Aymeric m'avait appris à le faire il y a de ça plusieurs années. Toutefois il m'arrivait de perdre le contrôle selon certains cas. Aujourd'hui en était la preuve directe. Je sais que j'aurais dû me retenir, faire comme si de rien était mais ça avait été plus fort que moi. Entre Venus qui faisait tout pour me rendre jaloux et cet autre petit con prétentieux d'Adrian qui n'avait rien d'autre à faire que de m'emmerder, ça en était trop. Cela faisait plusieurs jours déjà que ce dernier voulait jouer au mâle dominant avec moi. Un truc du style « je suis le coq de la bassecour, c'est mon territoire, alors dégage ! ». Pathétique vraiment.. car s'il était le coq, j'étais le loup et j'aurais pu lui arracher ses pattes aussi aisément qu'un enfant avec les ailes d'une mouche. C'était sans doute ça le pire, se retenir un maximum pour éviter de commettre l'irréparable. Sauf que parfois l'envie d'en découdre prend le dessus et il est déjà trop tard. Après m'avoir volontairement et violemment rentré dedans alors que j'effectuais un superbe double pas durant le match de basket – un coup qui au passage m'avait déboîté l'épaule – je m'étais jeté telle une furie sur lui pour lui affliger une rafale de coups de poings en plein visage. Les dents serrées, je laissais la bête en moi se repaitre de ce spectacle jouissif et tellement soulageant, si bien que je commençai à sentir mes yeux changer de couleurs. Il aurait fallu que je m'arrête et pourtant je n'y parvenais pas. Je ne voulais surtout pas.

Soudain, je sentis des mains entrelacer ma taille avec une force qui me coupa partiellement le souffle. Elles réussirent à me tirer hors de portée de ma victime avant que je ne comprenne qu'il ne s'agissait du Professeur Cavanaugh. Comment diable pouvait-il me retenir de la sorte ? J'avais beau me débattre, celui-ci avait réussi à m'emmener jusque dans les vestiaires. Hurlant, grognant, je pouvais sentir mes ongles s'allonger en d'horribles griffes tranchantes comme des lames de rasoir. « Lâchez-moi ! », m'égosillais-je un peu plus. Les battements de mon coeur rompaient littéralement ma poitrine. Mais alors que je m'enfonçais dans la peau du loup, la seconde phrase du professeur me ramena quelque peu à la réalité. Le dos contre le mur froid de l'une des parois, mes yeux s'écarquillèrent en plongeant mon regard dans le sien. C'est comme s'il savait. Et puis il y avait cette sorte de force mystérieuse en lui. On aurait dit un lien invisible qui me poussait à lui obéir. Ainsi, doucement mes muscles se détendirent et l'or âcre de mes iris se volatilisa pour redonner place à sa couleur d'origine. Mes griffes se rétractèrent et je me laissai tomber à même le sol, complètement déboussolé. « Je ne voulais pas.. je.. ». Je ne savais plus quoi dire ou quoi penser.

⊹ Never Let Me Go.

Looking up from underneath, Fractured moonlight light on the sea, Reflections still look the same to me, As before I went under. And it's peaceful in the deep, Cause either way you cannot breathe, No need to pray, no need to say, Now I am under. Never let me go, never let me go.

Ismaël n'avait cessé de se débattre pendant tout le processus, mais il était important que personne ne remarque quoique ce soit. Il savait qu'il y avait des oreilles et des yeux qui traînaient dans les couloirs de ce lycée, et que tous les élèves n'étaient pas si innocents. La plupart était des victimes, mais aussi leurs bourreaux. Storms Hills agissait comme une sorte d'aimant à problèmes et attirait les dangers comme pas possible. En tant qu'Alpha, même s'il ne possède aucune meute, Nadan se doit de veiller sur les loups-garous qui se sentiraient perdus et se laisseraient déborder. Certes, ils n'étaient pas sa responsabilité, mais il ne pouvait s'en empêcher. C'était dans son sang, dans son éducation. Sa mère a toujours voulu faire de lui un Alpha droit, juste et puissant. Il ne recherchait pas le pouvoir, mais il n'était pas cruel. Alors lorsqu'il avait sentit le pouls du jeune Ismaël défaillir, il s'était tout de suite jeter sur lui avant qu'il ne perde un peu plus le contrôle. Si quelqu'un voyait n'importe quoi, que ce soit le reflet de ses yeux, ou même un bout de griffes, il y risquait sa tête. Ismaël était jeune, c'était un enfant, il avait encore tant de chose à vivre que la violence de sa nature. Hors de question qu'un chasseur ne le coupe en deux, pas comme sa Everleigh. Repenser à elle lui retourna l'estomac alors qu'il criait après le jeune homme, sa voit prenant plus d'intensité qu'à l'accoutumé. Néanmoins, sans même à avoir rugir ni même laisser ses crocs le menacer, l'adolescent reprit contenance, encore déboussoler.

« Je ne voulais pas.. je.. » Reprenant son souffle, Nadan lança un regard derrière lui pour vérifier que personne ne l'avait suivi, puis, il s'accroupit au sol face au garçon qui continuait à bredouiller des paroles indistinctes. Sa main se câla sur son épaule alors qu'il écoutait les battements de son coeur, doucement ralentir.   « Qu'est-ce qu'il s'est passé? Qu'est-ce qui a cloché? » demanda l'Alpha doucement, ne voulant pas brusquer Ismaël qui se calmait enfin.

Le but n'était pas le faire paniquer. Par là, il ne lui demandait pas le pourquoi de son état. Il avait bien entendu les petites provocations de son camarade. Il en fallait toujours un pour la ramener après tout. Mais il ne s'était pas douté que l'élève se laisserait émouvoir ainsi par des attaques si basses. Il lui demandait donc ce qui s'était passé. Où était aller son contrôlé? Savait-il même se contrôler?   « Ton Alpha ne t'a donc pas apprit à garder ton esprit ancrer à la réalité? Est-ce que tu t'es même déjà te contrôler? »  continua le professeur, sa voix grondant plus qu'il ne le voulait. Il n'était pas en colère contre lui. Lui-même avait ses moments de faiblesse. Mais en colère contre son Alpha à lui. A moins qu'il n'en ai pas, ce qui ne l'étonnerait qu'à moitié...